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dimanche 28 août 2011

Neutralité Suisse


Neutralité Suisse



Généralités :

Il s’agit d’abord de distinguer différents aspects de la neutralité :

La neutralité occasionnelle :

Consiste, pour un état, à renoncer volontairement à s’engager aux côtés d’un belligérant lors d’un conflit. C’est ce qu’a, par exemple, fait la Suède lors des deux guerres mondiales.

La neutralité permanente :

Résulte d’un traité qui engage l’état signataire à ne pas intervenir lors d’un conflit international.

La Suisse quant à elle a un statut de neutralité permanente dès le congrès de Vienne de 1815. Nous allons donc nous préoccuper des devoirs et des droits d’un état ayant le statut de neutralité permanente.

Un état neutre a des obligations internationales résumées dans une convention internationale. Son premier devoir est de ne pas prendre parti dans les conflits internationaux ni de prendre les armes excepté pour sa défense. Il ne peut donc pas faire partie d’une alliance militaire offensive ou d’une quelconque union qui pourrait l’amener à s’impliquer dans un conflit. Il doit avoir une armée suffisamment bien préparée pour défendre son indépendance et sa neutralité. Il doit s’efforcer de faire respecter l’inviolabilité de son territoire et de son espace aérien. Il doit empêcher que des opérations militaires aient lieu sur son territoire et que ce dernier ne soit traversé par des troupes étrangères ou qu’un belligérant étranger n’y ouvre des bureaux de recrutement.

L’état neutre a le devoir, même en temps de paix, de ne pas être économiquement trop dépendant d’un seul pays étranger. Il évite de participer à un blocus économique. En temps de guerre il ne peut pas soutenir financièrement les belligérants mais pourra leur apporter un soutien matériel équitable envers les différentes parties. En Suisse, afin de n’avantager personne, le volume du commerce serait fixé par des quotas. Lors d’un conflit les organes officiels d’un pays neutre doivent s’abstenir d’exprimer leur penchant pour l’un ou l’autre des partis. La presse, quant à elle, ne subit pas de restrictions, même si pendant la guerre de 14-18 elle fut invitée à la réserve...

Les pays ayant reconnu la neutralité d’un autre état se doivent de la respecter. C’est à dire de ne pas utiliser son territoire comme champ de bataille, comme voie de passage ou de lui faire subir un blocus économique. Ils doivent également intervenir pour protéger cette neutralité, que ce soit militairement ou pas. Un autre avantage pour un état neutre est qu’il peut continuer de commercer avec des états en guerre.

Historique :

Dès Marignan, en 1515, la Confédération n’était plus intervenue dans les guerres européennes, les cantons laissant toutefois d’importants contingents de mercenaires être recrutés. Déjà durant la Guerre de Trente Ans (1618-1648) la Diète avait adopté une attitude de neutralité et avait, avec un succès relatif, interdit le passage des troupes étrangères sur son territoire. En 1647 l’armée fédérale est levée pour faire respecter la neutralité. Jusqu’en 1798 les cantons s’en tinrent à leur politique de neutralité. Puis sous l’Helvétique et sous la Médiation la Suisse était vassale de la France et plus libre de choisir. Sa neutralité était reconnue mais pas appliquée. En 1813, insuffisamment armée elle n’avait pas pu empêcher le passage des Alliés et elle adhéra à l’alliance dirigée contre Napoléon. En échange les puissances avaient promis de reconnaître la neutralité perpétuelle de la Confédération. C’est ce qu’elles firent au Congrès de Vienne en 1815. Ce même acte régit encore et garantit la neutralité suisse.

Les pourquoi de la neutralité :

Après la défaite de Marignan, en 1515, l’élan de conquête de la Confédération est brisé. La Suisse prend conscience qu’elle n’est pas une grande puissance et qu’elle ne peut pas rivaliser. Alors les Suisses concluent toute une série d’alliances et de pactes avec les pays d’Europe. Puisque ceux-ci sont constamment en guerre les uns contre les autres, ces alliances s’annulent. Il est impossible à la Suisse de soutenir chacun de ses alliés.

Les divisions religieuses, linguistiques et culturelles ne permettent pas à la Suisse de mener une politique étrangère commune. Toute alliance de l’un des blocs suisses avec l’étranger entraînerait une réaction des autres et pourrait provoquer une guerre civile. De peur de l’éclatement des " trois Suisses " le gouvernement doit s’efforcer de maintenir la cohésion nationale. Une politique étrangère neutre paraît être une bonne solution, puisque elle permet le maintien des différentes alliances sans que la Suisse ait à prendre parti dans les conflits européens. La Suisse mène ainsi une politique de prudence...

Une neutralité non respectée par les pays voisins est inutile. Voyons donc les raisons qui ont poussé les autres pays à la respecter. Il y a tout d’abord le respect du pacte de 1815 qui garantit la neutralité perpétuelle " dans les vrais intérêts de la politique de l’Europe entière ". En effet, de par sa position géographique et sa taille, la Suisse se prête particulièrement bien à un statut neutre. Etant placée entre les grandes puissances européennes, elle facilite les négociations en cas de conflit. Il y a donc un intérêt diplomatique certain dans le respect de cette neutralité. De plus la Suisse a de tout temps fourni un grand nombre de mercenaires aux belligérants, ce qu’elle n’eût point pu faire si elle avait dû entrer en guerre. Le manque-à-gagner pour les armées étrangères eût été important. Notons que durant la première guerre mondiale 12000 Suisses se sont engagés dans les armées étrangères.

La forte industrialisation de la Suisse lui permet de fournir une aide matérielle aux pays en guerre, une aide considérable qu’ils ne veulent pas perdre.

La position géographique de la Suisse favorise également l’aide humanitaire qu’elle peut apporter. Sa neutralité lui permet, pendant la guerre franco-allemande(1870-71), l’évacuation des civils assiégés dans Strasbourg. Elle soutient l’action humanitaire de la Croix-Rouge et donne l’asile à des troupes battues qui se réfugient chez elle, après avoir été désarmées.

Pour toutes ces raisons ainsi que pour le coût élevé et la difficulté de la conquête du hérisson helvétique, le respect de la neutralité suisse est un avantage pour tous et donne une importance certaine à la petite Suisse.

Restrictions :

Dans la nouvelle conception de la guerre totale, la neutralité économique n’est qu’une illusion. Les opérations militaires sont indissociables du commerce et de l’économie. Pour assurer son approvisionnement la Suisse doit renoncer à sa souveraineté économique, se soumettre aux conditions des belligérants qui contrôlent son commerce et utilisent son industrie pour leurs besoins civils et militaires. Les belligérants disposent ainsi de moyens de pression considérables.

La neutralité d’opinion paraît également très difficile à appliquer. En effet il est facile de ne pas intervenir dans un conflit, mais peut-on ne pas se forger une opinion ?

La Suisse, tenant à rester fidèle à sa politique de neutralité, éprouve des difficultés à faire partie d’organisations telles l’ONU ou la CEE, même alors qu’elles visent des fins humanitaires. On peut par exemple mentionner le cas de la Suisse qui avait tenu à faire partie de la SDN en 1920 et à qui on avait dû accordé un statut spécial de neutralité différentielle. Ainsi elle participait entièrement aux sanctions financières et économiques, mais aucunement aux interventions militaires. Cela lui permettait de garder de sa neutralité, tout en étant active dans la politique internationale.



Analyse d’un document

Cette caricature date de la première guerre mondiale. On y voit un homme, qui marche sur un fil, symbolisant la neutralité suisse, tenant un balancier sur lequel sont perchés le coq français et l’aigle allemand. Sous l’équilibriste, les deux armées respectivement sous leur emblème. Les deux armées sont représentées par des figurines en plomb, peut-être pour montrer leur immobilisme ou leur inhumanité, contrairement à la Suisse qui doit continuer d’avancer pour atteindre la stabilité. On note que l’équilibriste porte l’habit militaire traditionnel des confédérés d’après une gravure représentant la bataille de Marignan (marquant le début de la politique de neutralité). C’est une neutralité traditionnelle, qui se trouve sur le fil depuis ses débuts. On peut également voir que l’aigle est en dessous du coq, il a plus de poids, mais le coq est plus fier et plus haut(ain), il semble le dominer.

Le commentaire " il s’agit d’arriver au bout ! " nous montre que c’est une caricature romande, pouvant expliquer la domination du coq.

En effet, pendant la guerre, la Suisse se trouvait entre les deux armées, subissant des pressions de part et d’autre, menacée dans sa neutralité. Son économie n’était pas suffisamment indépendante et préparée pour assurer l’approvisionnement de la population en denrées alimentaires et celui des industries en matières premières. Basée sur l’importation, l’économie suisse ne pouvait guère pratiquer la neutralité.

L’armée, elle aussi, menaçait la neutralité du pays, car déjà en 1915 le général Wille, chef de l’armée suisse, suggérait l’entrée en guerre aux côtés de l’Allemagne. Reprise par quelques autres officiers, cette opinion creusait un fossé entre la Suisse romande, proche de la France et la Suisse alémanique, plus attachée à l’Allemagne. Les intellectuels et le gouvernement s’efforçaient de maintenir la cohésion de la Suisse, par la sauvegarde de la neutralité. Il faut que la Suisse se révolte contre les crimes de guerre, les injustices et la violation de sa neutralité, sans pour autant s’impliquer dans la guerre, elle doit jouer un rôle pacifiste, humanitaire.

Vu sa très forte industrialisation la Suisse a aussi profité de la guerre. Elle a soutenu les belligérants en leur fournissant matériaux, habits, armes et munitions. Ceci est-il compatible avec sa neutralité ? En quelque sorte puisqu’il s’agit d’un commerce de privés et non de l’Etat même si certains réprouvent ce trafic car il prolonge la guerre. Les industriels disent qu’ils n’avaient pas le choix, la reconversion de leur production était impérative, la guerre menaçait de réduire à néant les exportations et de provoquer un grave chômage. Cela nous ramène à la difficulté du maintien de la neutralité due à la dépendance de l’économie et à l’insuffisance de l’a

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