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dimanche 20 janvier 2013

Voilà un article de notre voisin de l'ouest....


Le supposé leadership régional algérien face à l'épreuve malienne: ni ascendant diplomatique, ni projection militaire

MAP
15.01.2013
(Par Jamal Chibli)-.
Rabat, 15 jan 2013 (MAP) - Jusqu'à nouvel ordre, l'Algérie s'est mise dans une situation embarrassante en refusant de prêter main forte à ses voisins maliens qui veulent récupérer le Nord de leur pays occupé depuis plus de neuf mois par les rebelles djihadistes de tous bords, alors qu'elle s'est constamment targuée de son leadership régional qui s'est avéré au-dessus de ses véritables moyens.

D'une part, l'Algérie crie haut et fort son opposition à toute idée de morcellement du Mali. De l'autre, elle rechigne à entreprendre des mesures concrètes pour éviter une telle hypothèse. C'est une contradiction qui dénote d'un manque de visibilité pour un pays qui prétend être le fer de lance de la politique diplomatique dans la région et un acteur incontournable de sa sécurité. En septembre 2011, l'Algérie a accueilli une conférence internationale sur la lutte contre le terrorisme au Sahel, dans le soi-disant objectif de renforcer la coopération entre les participants face à une menace grandissante. Une belle partition qui n'a pas enchanté grand monde, puisque ses promoteurs n'entendaient défendre que leurs propres intérêts au lieu de travailler sur un projet collectif face à la menace terroriste.

A voir l'évolution des événements, on peut facilement conclure que cette grand-messe sélective, le Maroc en a été exclu, n'était qu'un leurre voué à servir des desseins hégémoniques chimériques. Quelques mois plus tard, Al Qaida et ses dérivés envahissent le Nord du Mali, commettant toutes sortes d'atrocités contre les populations locales et l'héritage culturel d'un pays, qui a été toujours un havre de l'Islam modéré.

D'un point de vue politique, l'épreuve malienne a sonné comme le test de vérité pour les décideurs algériens. Ces derniers ont dépensé, en vain, toute leur énergie à vouloir exclure le Maroc des enjeux sécuritaires régionaux et lui barrer la route d'une contribution pourtant décisive pour la sécurité du continent.

Au moment où les pays de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) sont montés au créneau pour soutenir la demande des autorités de Bamako d'une intervention militaire internationale, l'Algérie a joué à l'Autruche pour des considérations démagogiques, sans pour autant fournir des pistes de réflexion pour une action collective épargnant l'immixtion étrangère dans les affaires de la région.

A croire que l'armée algérienne est incapable de donner un contenu opérationnel à la vulgate officielle sur le leadership régional notamment au Sahel. Les capacités de projection de cette armée, y compris pour des missions humanitaires, dans un théâtre d'opération non domestique, comme au Sahel par exemple, semblent non avérées. Or à un moment ou à un autre au-delà d'un discours de puissance et il faut bien qu'une projection militaire, même de type maintien de la paix, donne une substance à cette posture de leadership non vérifiée. Le conflit malien, dans un pays avec lequel l'Algérie a 1200 KM de frontières, pose cette question fondamentale d'une manière à la fois inédite et cruciale pour les décideurs algériens.

Les mêmes pays de la Cédéao, pourtant confrontés à d'innombrables problèmes économiques, ont exprimé la ferme volonté de soutenir militairement les autorités légitimes du Mali, alors que l'Algérie s'employait à présenter une partie de la rébellion djihadiste, en se compromettant dans des négociations avec elle, en tant qu'interlocuteur valable pour l'engagement d'un processus politique dans le pays. Un paradoxe qui résume parfaitement l'incompréhensible situation dans laquelle l'Algérie s'est empêtrée et met en valeur l'effondrement de ses aspirations prussiennes régionales.

L'engagement militaire français dans la crise malienne, tant dans les airs qu'au sol, va enfoncer le dernier clou. Ancienne puissance coloniale, la France, qui a certes des intérêts à défendre dans la région, vient de mettre à nu l'attitude laxiste des autorités algériennes, qui bloquaient les efforts visant le rétablissement de la légalité dans ce pays sahélien. A Paris, on est convaincu que cette intervention sera bien accueillie par une population épuisée par le conflit et largement opposée aux islamistes.

Le laxisme algérien et la vision étriquée des relations de voisinage, une posture anti-marocaine obsessionnelle, ont fait avorter une solution africaine au dossier malien, ouvrant la porte à ce que les décideurs algériens considèrent, par aveu de faiblesse probablement, comme interventionnisme. Au bout du compte, le Mali ne s'en sortira qu'avec l'aide des pays du continent. L'étranger ne sera qu'un élément d'appoint, mais la solution finale sera africaine. Et le Maroc dans un cadre international concerté assumera ses responsabilités régionales notamment vis-à-vis du sahel. (MAP)

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