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samedi 23 juin 2012

Un seul Etat, ce sera la Palestine désionisée


Mardi 5 octobre 2010
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Ginette Hess Skandrani : Un seul Etat pour tous ! Cet Etat ce sera la Palestine désionisée.
 
En contribution au débat sur la proposition de Shamir d'un Etat israélien englobant la Cisjordanie et Jérusalem, avec des droits égaux pour tous,  tout en soutenant les textes de Serge et de Robert, je me permets de rajouter quelques points de vue dans la discussion. Je n’insulte personne, mais je reste comme toujours ferme sur mes positions ce qui m’a valu de nombreuses agressions.
« La Palestine est une terre arabe et doit pouvoir s’intégrer dans ce monde arabe surtout si elle sera multiculturelle et multicultuelle, tout en inventant sa propre démocratie.
Cela lui permettra également de faire avancer le débat à l’intérieur de ce monde arabe si soumis aux intérêts occidentaux »
J’ai participé à cette conférence de Lausanne « Pour un seul Etat démocratique en Palestine/ Israël dont parle Shamir et que cite également Serge. J’ai d’ailleurs failli en être exclue pour antisémitisme, puisque Uri Davis l’avait demandé. Heureusement que mes amis Libyens ont exigé qu’il me présente des excuses, ce qu’il a fait.
Six ans plus tard…
Quelques réflexions sur cette conférence qui a réuni 150 personnes de quatre continents, toutes  tendances politiques et religieuses confondues… mais je me rends compte, avec le recul que,  si tous se prononçaient pour un seul Etat, tous ne définissaient pas lequel. J’ai été la seule à demander le démantèlement d’Israël (ce qui m’a valu les félicitations des Natureï Karta) et le soutien à la résistance (ce qui a fait peur à tout le monde car j’ai osé prononcer le nom :Hamas)
Un seul Etat démocratique en Palestine/Israël
Lorsque j’ai adhéré à l'association "Pour un seul Etat démocratique en Palestine/Israël, après bien des réflexions, analyses et discussions avec les un/es et les autres, je pensais qu’il était question de décolonisation de toute la Palestine.
Je le pense toujours quoi qu’en pense Shamir. Cela me semblait une proposition très utopique (ce qui était un avantage, car l'utopie c'est la vie), provocatrice (ce qui est également un avantage, car permettant de provoquer des débats contradictoires) et surtout antisioniste (ce qui sera beaucoup plus difficile à faire admettre).
Je savais que cette initiative serait très difficile à expliquer à ceux qui militaient pour la décolonisation de toute la Palestine de la Méditerranée au Jourdain, et qui disaient : «  ce sera aux Palestiniens à décider quelle forme ils veulent donner à leur Etat et avec qui ils veulent construire cet Etat ».
Encore plus difficile à faire comprendre à ceux qui voulaient deux Etats, l'un a côté de l'autre.
Et certainement impossible à ceux qui dénonçaient la violence de l'Etat d'Israël sans proposer de solution.
Certains de mes amis argumentaient : "Pourquoi rajouter Israël au titre, cet Etat usurpateur des terres palestiniennes ayant été crée sur un mensonge bâtard « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Le nom de Palestine, cette contrée ancestrale englobant les descendants de toutes ces peuplades : Philistins, Cananéens, Hébreux etc. dont les descendants sont aujourd’hui les Palestiniens toutes religions confondues, suffisait amplement.
 Pourquoi ne pas revenir carrément à avant le vote de la résolution 181, le 29 novembre 1947 responsable de la partition de la Palestine et de la création d’un Etat fictif, illégitime et illégal ? Cette résolution coloniale peut et doit être abolie. L’ONU a l’habitude d’abolir des résolutions qui ne vont pas dans la logique dominatrice, comme celle qui désignait le sionisme comme une forme de racisme.
D'autres disaient : "Il ne peut y avoir d’égalité entre tous les habitants si les uns ont tout et les autres rien. La démocratie proposée ne peut être qu'une démocratie de « domination et d’exploitation » des plus pauvres.
D'autres encore : "comment allez-vous vous opposer à l'idéologie sioniste qui est fondée sur l'épuration ethnique?
Puis, "Et tous les millions de réfugiés et déplacés, comment gérer ce problème, sans provoquer de nouveaux drames?"
Ou : "Il faudra pour créer un nouvel Etat, détruire les structures de d'Israël et se débarrasser de tous ceux qui ne veulent pas devenir Palestiniens, avec quels moyens et quelles transitions ?"
Je répondais souvent :
" Qui aurait pu imaginer au cours de toutes ces années de manifestations, rassemblements, pétitions, conférences contre l'apartheid en Afrique du Sud que ces deux communautés (noires et blanches, colonisateurs et colonisés, exploiteurs et exploités allaient se réconcilier et essayer de construire ensemble ce pays ? " D’accord il n’est pas parfait loin de là, le sort des plus pauvres et des plus exclus est toujours aussi lamentable, mais c’est quand même un petit plus.
Ou bien :
"Qui aurait pu imaginer, que l'URSS, aussi impérialiste que les USA, allait se désintégrer aussi vite? Elle a du coup réveillé tous les nationalismes, identités qu'elle avait réprimées dans le sang. Vous me direz qu’avec les mafias capitalistes qui ont remplacé les soviets, ce n’est guère mieux.
Qui dans ce XXIè siècle naissant peut s'imaginer qu'un Etat ethnique, fondé sur le judaïsme donc sur  le droit du sang, d'apartheid excluant tous ceux qui n'appartiennent pas à l'ethnie dominante puisse continuer à survivre dans un monde en pleine mutation?
Quelques réflexions à faire partager :
Faut-il opposer la proposition d'un Etat unique pour tous, à celle de deux Etats séparés ?
Après quatre guerres, deux Intifada, des milliers de massacres, des centaines de milliers de déportations, des milliers de maisons et de champs détruits, plusieurs négociations manipulations baptisées "pour la paix" et ratées… Rien n'a changé. Les sionistes ne peuvent toujours pas profiter tranquillement des terres usurpées.
Les Palestiniens sont toujours debout et résistent toujours.
Le peuple palestinien se relève à chaque fois que quelques âmes bien pensantes veulent lui faire baisser la tête en lui proposant des accords frelatés.
Il sait bien que sa cause est juste et qu'il finira par gagner.
 Nous sommes en 2010, et malgré  toutes manipulations siono-américaines, s’appuyant sur les complicités européennes, nous savons tous que la solution idéale est  celle d'un « Etat unique pour tous, pluriel, multiethnique, multiculturel et démocratique avec des droits et des devoirs partagés pour tous ses habitants quelle que soit leur religion, leur appartenance, leur pratique ou leur non pratique religieuse ». Un Etat unique qui s’appellera Palestine, à moins que les Palestiniens n’acceptent (ce dont je doute fort) de choisir un nom nouveau.
Cette initiative sera très difficile à faire accepter à tous les protagonistes, y compris à certains Palestiniens qui justifient la création d'un Etat musulman à côté de l'Etat juif. Cette initiative me semble toute aussi dangereuse et pleine d'embûches que celle  proposée par les Israéliens qui nous ont prouvé depuis longtemps qu’ils ne lâcheront aucune parcelle de terre conquise sans pression économique de la communauté internationale.
Seul un boycott des produits israéliens, ainsi que du tourisme,saura les convaincre, qu’ils ont moins de droits que les Palestiniens sur cette terre et allant de parallèle avec un soutien indéfectible avec la résistance palestinienne.
La résistance palestinienne
Cette résistance a toujours existé. Mais elle ne nous apparaissait pas dans nos lucarnes télévisées, puisque le peuple palestinien était nié dans son existence, donc sa résistance légitime ne pouvait qu'être traitée d'inexistante ou forcément de terroriste.
L'Intifada de 1987, avec le soulèvement de l'ensemble de la population, les enfants lanceurs de pierres, les femmes largement engagées dans l'autosuffisance alimentaire, les familles boycottant les produits israéliens, organisant les entraides, les grands-mères et grands pères soutenant l'infrastructure de la résistance,, a donné une autre image de ce peuple spolié depuis si longtemps.
Les accords d'Oslo, comme tous ceux qui ont suivi, y compris l'arlésienne de Genève n’ont  été qu’ une énième tentative de soumettre la résistance. La conférence de Washington est de la poudre de Perlin Pinpin/
Il n’y aura que la résistance qui pourra libérer la Palestine , comme elle a libéré l’Algérie. Cette résistance libérera également l’Irak et l’Afghanistan.
Elle est légitime et elle finira par gagner . Aujourd’hui, elle s’appelle Hamas, hier elle s’appelait FPLP demain… elle sera toujours là.
Les réfugiés palestiniens
Intervenir pour un Etat unique en Palestine, implique évidemment d'exiger le droit au retour de tous les réfugiés.
La résolution 194 adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies le 11 décembre 1948 spécifie dans son paragraphe 11 : "Il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, que des indemnités doivent être payées au titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers ou pour tout bien perdu et endommagé".
Cette résolution pourtant acceptée par Israël pour pouvoir accéder à l'ONU n'a jamais été appliquée. Encore aujourd'hui, après 62 ans d'errances des réfugiés et plusieurs guerres subies, l'Etat juif refuse toujours d'en discuter.
Actuellement, selon l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) organisation crée en 1949, les réfugiés Palestiniens et leurs descendants, sont au nombre, de l'ordre de trois millions et demi de personnes dont 30 % vivent dans des camps.
Le sort de ces réfugiés constitue depuis plus d'un demi-siècle le plus grand problème humanitaire jamais résolu, la honte des Nations Unies et de la Communauté internationale et surtout un problème de sécurité majeure, ayant eu des répercussions régionales énormes et jouant un rôle central pour la paix dans le Moyen-Orient.
Ce problème s'est encore accentué depuis la colonisation de l'Irak, vu que les Palestiniens qui s'étaient intégrés dans la population irakienne ont été ramenés dans des camps et revivent dans le plus complet dénuement.
Que pense Shamir du droit au retour de tous les réfugiés ?
Et où, pense-t-il les faire retourner ?
N'oublions pas qu'Israël possède également de nombreuses armes de destruction massive. L'armement nucléaire israélien a été dénoncé dès 1986 par l'ingénieur israélien Mordachaï Vanunu, dans le "Sunday Times" des 5 et 12 octobre 1986 .
Et depuis cette date cet Etat a pu continuer en toute impunité et,  au vu et au su de toute la Communauté internationale,  à produire toutes sorte d’armes : nucléaires, chimiques et biologiques et c’est grâce à cet armement que ce Etat tient en otage tous les peuples de la région. Le seul Etat qui lui tient tête et ose résister à cette domination impérialiste est aujourd'hui l’Iran.
Ginette Hess Skandrani
Paris,
 21 septembre 2010 

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