Les autorités algériennes ont prévenu que le bilan
final de la prise d'otages sur le site gazier d'In Amenas, qui doit
être donné lundi 21 janvier en début d'après-midi, pourrait encore s'alourdir
après la découverte dimanche de vingt-cinq corps d'otages. Selon un
décompte effectué dimanche soir par l'agence Reuters, 80 personnes
seraient mortes durant ces quatre jours.
Dans un premier bilan officiel, le ministère de l'intérieur avait affirmé ce week-end
que 32 preneurs d'otages avaient été tués lors de l'assaut final lancé
samedi contre les ravisseurs ; 23 étrangers et Algériens sont morts
durant cette attaque. En outre, les corps de 25 otages ont été retrouvés
sur le site dimanche. Cela pourrait porter à près de 50 le nombre d'otages tués au cours de l'opération.
Dimanche, le ministre des affaires étrangères algérien, Mourad Medelci, a estimé que l'assaut donné par les forces spéciales a permis d'éviter une "véritable catastrophe". 685
employés algériens et 107 étrangers ont pu être libérés. Une
information judiciaire a été ouverte dimanche par le Parquet général
près de la Cour d'Alger.
Voici la situation pays par pays, selon les données provisoires
recueillies, le ministère algérien n'ayant pas précisé la nationalité
des otages décédés :
France : 1 mort, trois libérés
Laurent Fabius, le ministre des affaires étrangères, a annoncé vendredi soir la mort d'un Français, Yann Desjeux,
un ancien militaire des forces spéciales et gérant de restaurant dans
le sud-ouest de la France. Trois autres concitoyens, présents sur le
site, ont eu la vie sauve. Alexandre Berceaux, l'un des otages français
rapatrié dimanche, a raconté qu'il était resté "caché pendant presque 40 heures" sous un sommier. "J'ai mis des planches un peu partout au cas où, j'avais un peu de nourriture, un peu à boire", a-t-il raconté.
Le ministre de l'intérieur Manuel Valls a déclaré lundi n'avoir aucune information permettant de confirmer la présence d'un Français parmi les islamistes qui ont pris en otage des employés du site gazier. Selon Le Parisien-Aujourd'hui en France, qui cite des sources judiciaire et policière à Paris, au moins un ressortissant français figurerait parmi les preneurs d'otages. "Je n'ai aucune information à ce sujet de la part de nos services, contrairement à ce qu'il y a dans cet article. Il faut être très prudent sur ce type de rumeur", a déclaré Manuel Valls au micro d'Europe 1.
Agé de 52 ans, M. Desjeux, un ancien militaire originaire d'Anglet (Pyrénées-Atlantiques) était parvenu à contacter ses proches jeudi, et un correspondant du journal Sud Ouest au Sahel avait même pu lui poser quelques questions.
Algérie : 1 mort, 685 libérés
Un Algérien est mort mercredi dans l'attaque du commando islamiste
juste avant la prise d'otages et 685 employés algériens ont été libérés
lors de l'intervention de l'armée, selon Alger.
La famille
du jeune Lahmar Mohamed Amine, l'agent de sécurité tué mercredi alors
qu'il escortait les travailleurs étrangers vers l'aéroport, a témoigné au journal électronique Tout sur l'Algérie. Il a été mortellement blessé par balles.
Etats-Unis : 1 mort, incertitude sur le sort de 4 otages
Le département d'Etat a confirmé vendredi la mort d'un ressortissant américain Frederick Buttaccio
lors de la prise d'otages. Un peu plus tôt, la chaîne NBC News révélait
qu'un Américain avait été tué, que deux s'étaient échappés sains et
saufs et que le sort de deux autres Américains était inconnu. Des
sources au sein du groupe islamiste, citées par l'Agence mauritanienne
ANI, avaient annoncé jeudi que deux Américains étaient entre les mains
des ravisseurs.
Grande-Bretagne : 4 morts, incertitude sur le sort de 3 otages
Trois Britanniques et une personne résidant au Royaume-Uni ont été tués et trois autres ressortissants britanniques sont probablement morts, a annoncé dimanche matin le premier ministre David Cameron.
22 Britanniques ayant survécu à la prise d'otages ont été rapatriés en
Grande-Bretagne. L'un des Britanniques a été tué, mercredi à l'aube,
lors de l'attaque par le groupe islamiste d'un convoi d'employés du
complexe gazier en route vers l'aéroport d'In Amenas.
Norvège : incertitude sur le sort de 5 ressortissants
Cinq ressortissants norvégiens sont portés manquants, selon le groupe
pétrolier Statoil qui gère le site d'In Amenas avec BP et Sonatrach.
Dix-sept membres du personnel étaient présents au moment de la prise
d'otages. "Il est possible que des Norvégiens aient perdu la vie", a dit le premier ministre Jens Stoltenberg.
Le beau-père du ministre de l'aide
au développement norvégien figure parmi les cinq Norvégiens dont on
était encore sans nouvelles lundi, a annoncé le ministre Heikki Holmaas.
Le groupe pétrolier Statoil, un des exploitants du complexe d'In
Amenas, a publié dimanche soir les noms de ses cinq employés encore
portés manquants après l'attaque du site par des militants islamistes
mercredi. Parmi les disparus se trouve Tore Bech, 58 ans, qui a épousé
la mère de M. Holmaas en 1981, quand celui-ci n'avait encore que huit
ans. "C'est avec peine et désespoir que j'ai appris qu'on redoutait
que l'époux de ma mère, Tore Bech, soit mort dans le drame de la prise
d'otages", a écrit le ministre sur sa page Facebook. "Nous avons des liens bons et étroits".
Le groupe pétrolier Statoil a fait état dimanche de recherches intenses pour retrouver ses cinq employés norvégiens toujours portés manquants. Dans la nuit, "des
recherches préliminaires ont été conduites dans le grand site d'In
Amenas et des recherches plus poussées seront menées dans la journée",
a indiqué Statoil. Des recherches ont aussi lieu dans la région
désertique entourant les installations gazières ainsi que dans les
hôpitaux et établissements médicaux à Alger, In Amenas et dans les
autres localités où des blessés pourraient avoir été évacués, a précisé le groupe.
Japon : 12 morts, incertitudes
17 salariés nippons étaient sur place lors de l'attaque. Selon une
source hospitalière dimanche à In Amenas, 12 des cadavres à la morgue
sont des Japonais. Tokyo indiquait être sans nouvelle de dix Japonais
manquants, sept autres étaient confirmés saufs. Neuf Japonais ont été
tués dans la prise d'otages au Sahara algérien, a déclaré lundi un
responsable gouvernemental à Tokyo. "Nous avons été informés par le gouvernement algérien de la mort de neuf ressortissants japonais", a déclaré ce responsable souhaitant rester
anonyme en attendant une annonce officielle. Jusqu'ici, le gouvernement
japonais et la société d'ingéniérie nippone JGC Corp, qui emploie des
dizaines de salariés à Tiguentourine, n'ont donné comme chiffre officiel
que celui de dix employés portés manquants.
Roumanie : 2 morts, 3 libérés
Samedi, Bucarest a annoncé la mort d'un de ses ressortissants, ainsi
que la libération de trois autres. Un deuxième Roumain, blessé lors de
la prise d'otages, est mort dans un hôpital algérien "des suites des graves blessures subies antérieurement", a annoncé dimanche le ministère des affaires étrangères roumain. Le ministère a par ailleurs "regretté
que les autorités algériennes n'aient pas informé de manière complète
et concrète les autorités roumaines de l'état de santé réel du
ressortissant roumain et a transmis cela à l'ambassade algérienne à
Bucarest".
Malaisie : 3 libérés, incertitude sur le sort de 2 otages
Les autorités ont annoncé samedi qu'elles n'avaient aucune nouvelle
de deux de leurs ressortissants alors que trois Malaisiens sont
désormais en sécurité.
Philippines : 6 morts, 4 portés disparus
Six Philippins ont été tués et quatre autres sont portés disparus, à
l'issue de la prise d'otages de quatre jours sur un site gazier en Algérie, a annoncé lundi le gouvernement philippin. "La
mort de six Philippins est une conséquence directe de la prise
d'otages. Plusieurs sont morts par balles ou de blessures subies lors
d'explosions", a dit à la presse Raul Hernandez, porte-parole du ministère des affaires étrangères. Quatre "manquent à l'appel",
a ajouté le porte-parole. Il est confirmé que seize Philippins qui
étaient sur les lieux de la prise d'otages sont sains et saufs, a-t-il
ajouté.
Colombie : incertitude sur le sort d'un otage
Le président colombien Juan Manuel Santos a confirmé qu'un compatriote, Carlos Estrada, employé de British Petroleum
(BP) depuis dix-huit ans et qui travaillait sur le complexe gazier
situé près d'In Amenas, avait été tué lors de la prise d'otages. "Tout semble indiquer qu'il se trouvait dans le groupe de personne qui sont mortes dans un bus", a-t-il précisé.
Belgique : incertitude sur la présence de Belges
Un porte-parole des assaillants a affirmé jeudi que trois Belges se
trouvaient sur le site, mais Bruxelles n'a pas confirmé cette présence.
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