Algérie-France, le régime persiste et signe

Mais qu’est-ce cette
comédie tragico-comique que les 2 gouvernements et leurs cours viennent
de jouer sur la scène algérienne avec comme toile de fond, la
douloureuse histoire de notre pays? Décidément, c’est un bien triste
cadeau de nouvel an pour les Algériens que cette visite du président
François Hollande! Tant pis pour ceux qui avaient un plein d’attentes,
ils devront se contenter des discours. Et même là, que de limites!
Pourtant, au grand mépris de
l’affligeante réalité de leur pays, médias et classe politique proches
du pouvoir se livrent à une surenchère qui frise l’indécence en
qualifiant d’« historiques » les déclarations du président français sur
les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien. La
surenchère devient carrément criminelle quand elle se fait l’interprète
des fausses retombées économiques et technologiques de l’« usine »
Renault qui n’est en fait qu’un atelier de montage consenti par le
fabricant français au régime algérien qui n’avait cessé de le solliciter
ces dernières années.
Alors que des observateurs dénoncent le
caractère délictueux de cette transaction, que certains n’hésitent pas à
qualifier de grand scandale du régime contre les intérêts de l’Algérie,
on ose parler des 350 emplois qui seront créés alors que le Maroc a
obtenu de l’entreprise française une véritable usine et créé dès le
départ 6000 emplois avec d’importantes retombées économiques directes et
indirectes, et tout cela pour moins cher que
l’Algérie. Cette affaire me rappelle les magasins « Carrefours » en
Algérie qui ressemblaient étrangement aux épiceries de pays
sous-développés. Autre sujet d’importance pour l’Algérie, mais passé en
catimini par le régime, c’est l’accord donné à la France sur les gaz de
schiste. Un sujet soupçonné de désastre écologique et qui est rejeté par
les sociétés développées, y compris en France. Mais voilà que
l’Algérie, dont le peuple n’a pas droit au chapitre du débat, ni à la
contestation, s’offre en terrain d’expérience pour les promoteurs des
gaz de schiste français. Le comble… ce sont les médias français qui ont
informé les Algériens.
Jusqu’où ira le mépris de ce régime à
l’endroit des Algériens et de leur pays? Même parmi les médias français
qui seraient plus enclins à se taire sur les intérêts bafoués de
l’Algérie par la « Françalgérie », certains n’hésitent pas à titrer
« Hollande séduit l’Algérie à peu de frais ». Qui osera, preuve à
l’appui, prétendre le contraire? Certainement pas les ministres et le
parterre d’officiels, qui se sont ligués dans des déclarations
mensongères à leurs compatriotes. Que valent de plus les déclarations de
François Hollande, comparées à celles de Sarkozy ou même de Chirac dont
le projet d’amitié a fini dans la poubelle de l’histoire de la
« Françalgérie » ? À peine quelques vocables qui ont changé de place
dans les différents discours, le mot « vérité » martelés plusieurs fois à
bon escient par François Hollande, et le tour est joué pour faire
différent avec la même chose.
Le régime algérien qui a tant investi
pour tirer profit de cette visite fait semblant d’être impressionné et
affiche des airs de victoire, là où il n’y a que folklore, duperie et
mépris pour son peuple. Pour cette foule d’Algériens déversés par
autobus pour garnir les avenues que fouleront, main dans la main, un
président représentant la démocratie française, et un président
représentant de l’un des derniers régimes totalitaires du monde arabe.
Les deux unis par des intérêts bien compris qui ne s’embarrassent pas
des principes démocratiques et des droits de l’homme brimés en Algérie.
« Ne rien dire qui fâche, ne rien faire qui puisse gâcher les
retrouvailles. François Hollande s’en est tenu à cette ligne. » [i]
Et des deux côtés on met le paquet pour que la complicité soit totale,
comme le souligne dans l’extrait suivant la journaliste du Monde,
Isabelle Mandraud, « Au dîner officiel qui marque, jeudi 20 décembre, la
fin de la visite d’Etat de deux jours de François Hollande en Algérie,
le président français et son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika se
tiennent par le bras.« On a un pacte tous les deux, je fais son éloge, il fait mon éloge »,
se réjouit, tout sourire, M. Bouteflika. La réconciliation voulue entre
l’Algérie et la France passe, aussi, par cette complicité affichée.[ii]
Voilà qui démontre que la
« Françalgérie » est toujours à l’œuvre et que l’épilogue de la guerre
des mémoires entre les deux pays est encore bien loin. Cette visite a
surtout montré que le régime tente de substituer la légitimité
démocratique qui lui fait défaut par celle des intérêts économiques au
niveau international. La France comme plusieurs pays d’Europe sont en
difficultés économiques. Aujourd’hui même, « le FMI a martelé que le
pays n’atteindrait pas son objectif d’un déficit public à 3% du PIB en
2013 et a mis en garde contre des « risques de dégradation » liés à son
problème de « compétitivité ».[iii]
Quoi de plus normal que de mettre à contribution l’allié algérien.
C’est de notoriété que le régime algérien dispose de milliards de
dollars à n’en savoir que faire. Le faste de son train de vie et le
gaspillage sont devenus une marque de fabrique.
François Hollande sait fort bien que le
peuple algérien vit le déni de droit, qu’il est dépouillé de sa liberté
et de ses richesses par la caste au pouvoir, mais cela ne l’empêchera
pas de poursuivre, comme ses prédécesseurs, dans le cynisme pour faire
profiter les intérêts français en Algérie. Qu’importe si ce peuple est
heurté par son attitude vis-à-vis du régime, plus encore de ses propos.
Qui ne le serait, par des déclarations qui peuvent se résumer dans un
énoncé aux relents dédaigneux : « Je reconnais t’avoir agressé, dépouillé, torturé, mais il n’est pas question que je m’en excuse ».
C’est trop fort. Si fort comme paradoxe qu’il frise le mépris côté
français et l’humiliation côté algérien. Cela n’empêche pas le régime
algérien d’afficher sa satisfaction en parlant de relations « apaisées »
avec la France. Il parle sans doute de ses propres craintes d’un
éventuel « printemps » qui ferait escale dans l’Hexagone. Quant aux
relations, le sont-elles vraiment quand on sait que le garant est un
régime oppressif, qui est lui-même en voie de disparition.
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