France-Algérie : la cosmétique et les enjeux
Si nous fouillons juste un peu la question dite mémorielle on
douterait très vite qu'elle relève de la simple idée qu'il suffirait de
passer le cap d'un "passé non assumé". Car l'accès à la réalité des
choses est rarement immédiat, il faut toujours la chercher derrière les
monceaux d'apparences qui la recouvrent, pour n'en laisser rien paraître
qui soit concret. Pour cela il faut d'abord traiter de la colonisation,
pas du point de vue sentimental ou évènementiel, mais selon le principe
est qu'elle constitue l'une des formes de domination des peuples, qui
ne relève ni de la chevalerie, ni d'une quelconque morale. On peut dès
lors comprendre l'inutilité des "mots justes" et du "regard lucide" et
de toutes les formules diplomatiques qui ne servent que la cosmétique
imposée par un rapport de force conjoncturel où la canonnière ne peut
être productive. La colonisation a servi à garantir les intérêts de
l'empire français, elle a été pensée et exécutée sans état d'âme, c'est
un fait. La colonisation a connu sa fin sans être remise en cause par
ses promoteurs, c'en est un autre. Jusqu'au bout l'Etat français a œuvré
à maintenir son emprise sur l'Algérie. Ce n'est pas le remord ou la
mansuétude qui ont provoqué le retrait de l'occupation et la
reconnaissance de l'indépendance, ce fut l'ultime assaut des Algériens
contre le crime qui les a imposés, dans une dernière bataille où ils ont
réussi à démontrer qu'ils avaient définitivement décidé de se libérer
de la servitude. Et le système géniteur, vaincu, est toujours là à qui
certains naïfs demandent de la "repentance", en ayant peut-être espoir
de le voir abandonner une option qu'il porte malgré lui, de laquelle
dépend sa survie et qui constitue son dernier recours, s'il est acculé.
Comme il commence à l'être et qu'il tente sous une forme améliorée de
revenir à l'asservissement des peuples. Sous cet angle la visite de Mr
François Hollande doit être considérée selon ses objectifs et non son
décorum, selon ce qui la fonde et non les "petites phrases" qui font
baver la presse en mal de sentimentalisme à vendre. Ce sera déjà
beaucoup qu'il soit dit à Josette Audin et à sa famille où se trouve le
corps de Maurice assassiné par les paras de Massu-Bigeard. Pour le
reste, en marge du service à la "mémoire", il faudra plutôt que nos
gouvernants utilisent à fond le contexte international et la bonne santé
financière de l'Algérie pour négocier au mieux les relations
économiques entre les deux pays. En se rappelant que la valorisation de
la souveraineté nationale, chèrement acquise, commande en priorité de
promouvoir le développement de notre économie et non de subir le
déversement des produits importés. Disons clairement que si Mr Hollande a
priorisé l'Algérie, causant une crise gastrique à l'"ami" makhzénien,
ce n'est certainement pas dû à un quelconque penchant. Pour le doute,
disons que ce n'est pas seulement pour cela et que c'est probablement,
aussi, pour faire oublier les turpitudes de son prédécesseur et son
insolence . Il y va de la survie des entreprises de son pays qui se font
balayer tous les jours de nombre de "marchés".
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