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vendredi 13 janvier 2012

La bague du khalife Omar, fils d’Abd-el-Aziz

La bague du khalife Omar, fils d’Abd-el-Aziz

Un savant vénérable autant que sage raconte que le fils d’Abd-el-Aziz possédait un chaton de bague dont les joailliers eux-mêmes n’auraient su estimer la valeur. Ce bijou étincelant semblait illuminer la nuit des feux de l’astre du jour. Le destin voulut qu’une disette horrible réduisit le peuple à la plus affreuse misère (41). A la vue de tant de privations et de souffrances, comment ce bon prince aurait-il joui des plaisirs de la vie ? Quand le poison brûle la gorge d’autrui, peut-on boire avec plaisir une gorgée d’eau limpide ? Emu des tortures de tous ces pauvres et de ces orphelins, le Khalife fit vendre sa bague ; l’argent qu’il en tira, distribué aux nécessiteux, disparut en huit jours. On reprocha au prince cet acte de prodigalité : « Jamais, lui disait-on, un pareil bijou n’ornera votre main. » Il répondit, et des larmes glissaient comme une cire brûlante le long de ses joues : « Le luxe d’un roi est hideux, lorsque la faim déchire les entrailles de son peuple. Il m’est facile de porter une bague sans chaton, mais je ne saurais supporter le spectacle de ces maux. » — Heureux et béni soit l’homme qui sacrifie son repos à celui de ses semblables! Un cœur bienfaisant n’achète pas le bonheur au prix des souffrances d’autrui. Si le roi s’endort dans les délices du trône, je doute que les pauvres goûtent un sommeil paisible ; il faut qu’il veille pour que leur sommeil ne soit point troublé. — Loué soit Dieu qui a donné ces vertus, cette sagesse à notre prince Abou Bekr, fils de Saad ! Sous son règne le Fars n’aura connu d’autres discordes que celles que provoquent les belles au svelte corsage.

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