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mardi 17 janvier 2012

c’est en effet la communauté internationale qui a procédé à la création de l’Etat d’Israël. Qu’elle l’assume !

Touhami Moualek : Le conflit du Proche-Orient, telle la Shoah, ne peut être comparé avec nul autre conflit du fait de ses aspects politiques et de son caractère international : c’est en effet la communauté internationale qui a procédé à la création de l’Etat d’Israël. Qu’elle l’assume !



Nous avons hérité avec « comme d’habitude », de Claude François (le chanteur égyptien) d’un tube planétaire. Selon la SACEM, cette chanson passe au moins une fois toute les minutes à travers le monde. Et nous avons également hérité d’un autre grand tube, celui-ci plus macabre, plus insupportable parce que des millions de personnes y ont trouvé la mort, je veux bien sûr parler de l’holocauste (la Shoah, en hébreu). Il ne se passe pas, en effet, une minute sans que l’on nous parle de la shoah, que ce soit à la radio, à la télévision, dans les journaux et à l’école.


Nous avions aussi l’échelle graduelle sismique dite de RICHTER servant à mesurer la magnitude des séismes. Selon les spécialistes, cette échelle logarithmique est obsolète puisque ne servant qu’à estimer les tremblements de terre californiens. Cependant, dans les médias, les tremblements de terre significatifs sont évalués par rapport à cette « échelle ouverte de RICHTER ». Et la magnitude 9, exceptionnelle lorsqu’elle est atteinte, signifie qu’il s’agit de secousses extrêmement violentes dues à une énergie libérée tout à fait considérable. Les dégâts ne sont pas forcément proportionnels à l’ampleur du tremblement de terre, mais plutôt en fonction des lieux géographiques du séisme. Plus il y aura d’habitants dans les zones touchées, plus le nombre de victimes sera important. Mais pourquoi, me demanderez-vous, parler d’échelles, de chansons, de séismes et de la Shoah ? Voyez la suite et vous comprendrez l’imbrication et la collusion entre science, politique et show-biz.


Et aujourd’hui, nous avons une nouvelle échelle servant, celle-ci, à déterminer les souffrances humaines. Moins scientifique que celle de RICHTER, elle est par conséquent plus malléable, plus adaptable aux circonstances, aux faits historiques passés. Y aurait-il dans la conscience humaine une quelconque possibilité de hiérarchiser les souffrances, sans enfreindre les règles morales prétendant que toute douleur, tout malheur soient insupportables à l’être humain, contraignant ce dernier à endurer des maux nous obligeant à compatir ? C’est ce que l’on appelle la commisération, la compassion : sans éprouver les douleurs physiques subies par la personne concernée, nous en ressentons néanmoins une douleur morale autant intense et violente que celle vécue par la victime. Cette nouvelle échelle des souffrances est graduée selon plusieurs niveaux : les génocides, les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre, par exemple. Ensuite, il y a des sous-catégories : extermination, déportation, déplacement, exécution, meurtre, etc. ; les listes sont longues.


Dans cette nouvelle échelle, il y a le trophée des trophées, celui que nous brandissent, tel un veto, les pros de l’instrumentalisation politique ; j’évoque bien sûr la Shoah et les calvaires, les supplices qu’elle fit subir aux malheureuses victimes. Car nous affirme-t-on haut et clair : « Vous pouvez brandir tous vos génocides, vos crimes de guerre et crimes contre l’humanité réunis, jamais vous n’atteindrez le niveau d’inhumanité produit par la Shoah, parce que nous, les Juifs, nous avons été exterminés sur le seul fait que nous étions des Juifs. » Imparable ! Nous n’avons, pour l’instant, rien trouvé de mieux. Et s’il ne s’était agi de millions de pauvres victimes sacrifiées au nom de la folie et de la barbarie sanguinaires des hommes, nous nous serions tous, depuis fort longtemps, soulevés contre cette honteuse instrumentalisation d’une telle tragédie de l’histoire.


Mais voilà, la culpabilité, la honte, les remords ont donné une telle dimension émotionnelle que celle-ci sacralise littéralement la Shoah, interdisant à quiconque le droit même de se poser des questions. Les interdits engendrés par la Shoah sont comparables à ceux d’une religion et condamnent toute tentative de vouloir la désacraliser ou la dédramatiser. Parce qu’il a été décidé, une bonne fois pour toutes, qu’il était moralement mal de discuter, de critiquer, de pouvoir même émettre quelques réserves sur cette surexploitation de la Shoah, non plus sur un plan mémoriel, ce qui est légitime et naturel, mais à des fins politiques, sociologiques et scolaires. La Shoah est partout, mais il est tabou d’en parler. Elle est constamment à l’ordre du jour, mais il est interdit d’en débattre. Elle est sans cesse documentarisée, portée à l’écran, mais il est interdit de se la représenter autrement que l’originelle, la copie conforme sous peine de tomber sous le coup de la loi sur le copyright. Mêmes les Historiens reçoivent pour ordre de s’en tenir aux textes de loi, véritable autel ; cette loi qui reprend, défend, autorise et châtie à sa guise, selon ses humeurs. Il y a là, je pense, comme une censure, une réprobation imposée à notre droit fondamental d’expression, de critique, de liberté de jugement individuel. Notre intégrité morale est violentée, obligée de s’en tenir aux seuls faits reconnus et légalisés. Rien d’autre. Il est proscrit de commenter, de discuter, de poser des questions. Parce que, nous dit-on : « Jamais terribles malheurs, catastrophes abominables et monstrueuses, abjectes et inhumaines, semblables à la Shoah n’ont été infligés à des humains. » Certes, mais faut-il sans cesse le rappeler, le marteler ? La crainte que l’on oublierait ces atrocités, ce qui ne peut être le cas, expliquerait de tels acharnements ? Je ne le crois pas. Drame humain et tragédie sans commune mesure au départ, ce qui était amplement suffisant pour que nous nous en souvenions à jamais, la Shoah est devenue par la suite une arme politique, un alibi. Et le show-biz va également y aller de ses couplets : films, chansons, poésies, récits, romans etc. vont se succéder.


L’Occident, au sortir de la guerre et après que les sionistes eurent préparé le terrain, au sens propre et au sens figuré, donnera son aval pour la création d’un Etat refuge pour tous les Juifs de la Terre. Cet Etat juif sera avalisé par le conseil de sécurité en 1948. Les pays arabes étaient pour la plupart colonisés, sous protectorat ou occupés, ils ne prirent donc pas part au vote. Enfin, l’Occident va pouvoir dormir tranquille : sa dette envers un peuple qui fut exterminé et anéanti a été acquittée. Les vœux des sionistes ont été exaucés au-delà de leurs espérances et avec la bénédiction des principales puissances de l’époque, d’ailleurs toujours les mêmes, à part l’URSS désagrégée depuis par la fameuse perestroïka, une restructuration de l’empire soviétique à la Mikhaïl GORBATCHEV. Le bonheur des uns faisant le malheur des autres : les innocents Palestiniens vont payer un prix exorbitant, inestimable face à la horde des sionistes qui vont immédiatement s’implanter en maîtres, déniant au peuple palestinien le droit élémentaire d’exister et de s’exprimer. Et comble d’injustice, les Palestiniens n’ont même pas participé à la seconde guerre mondiale. Armée par les puissances militaires occidentales, et bénéficiant de toutes les logistiques possibles et imaginables, de l’aide des plus grands stratèges militaires que comptent l’Europe et les Etats-Unis, l’armée israélienne infligera au monde arabe une défaite, en 6 jours ; une défaite que Gamal ABDEL NASSER portera comme on porte un deuil pour l’éternité. J’étais très jeune à l’époque et déjà j’entendais ce slogan crié à tue-tête par les étudiants juifs de France : « Rien NASSER de courir… » Mon sens de l’humour inné me permit de me résigner, sans trop comprendre ce qui se passait sur le terrain. Dès lors, l’Etat israélien ne se retirera plus des territoires occupés, et cela malgré les innombrables injonctions et les résolutions votées à l’ONU et le priant instamment de restituer ces territoires aux Palestiniens. Faisant fi de toute résolution votée à leur encontre, les dirigeants israéliens, au nom d’une sécurité devenue leur nouvelle Table de loi, n’en respecteront aucune. Que peuvent craindre ces derniers puisqu’ils ont, rangées de leur côté, les puissances dominantes ? Rien si ce ne sont quelques remontrances hypocrites appelant à la retenue. Ce deux poids deux mesures fera de l’ONU une organisation discréditée, souvent conspuée et régulièrement remise en question. Ce conflit va plonger la planète dans de terribles cauchemars : terrorisme, kamikaze, meurtres, crimes, assassinats, complots. Et toujours ce leitmotiv assourdissant et insupportable parce que ressassé durant des décennies et des décennies : Israël a le droit de se défendre. Qui n’a pas le droit de se défendre ? Qui n’a pas le droit de vivre ? Qui n’a pas droit à la justice et au respect ? Ces questions relèvent purement et simplement de la civilisation humaine.


Mais l’Occident n’en est qu’au début de ce cauchemar d’abord régional, puis ensuite rapidement devenu mondial. Ceux pour qui il a été créé un Etat, à la « Carte », par la force et sans aucune concertation avec les voisins directs, se sont irrémédiablement mis à commettre les mêmes crimes, les mêmes punitions collectives, les mêmes assassinats, les mêmes ignominies que ceux dont ils furent eux-mêmes les victimes lors de la seconde guerre mondiale. Souffrances, larmes et douleurs vont, telles des tempêtes soufflant incessamment des collines de Sion, propager la haine, la vengeance et la soif de tuer ; toujours et encore tuer au nom de sa propre survie. Tuer et semer la mort pour survivre, telle est la conduite, aujourd’hui, adoptée par l’Etat d’Israël. Un Etat devenu une véritable machine de guerre, broyant tout sur son passage, y compris femmes, vieillards et enfants. Nous sommes loin de cet Etat refuge qui devait recevoir la diaspora juive et lui garantir une terre promise, un coin paradisiaque, tout en garantissant un espace de liberté et de démocratie dans une région proclamée habitée par des « sauvages et des barbares » (comprenez : les Arabes musulmans). Et paradoxalement, l’endroit le moins sûr pour tout juif serait devenu l’Etat d’Israël. Quel échec cinglant ! Quelle défaite ! Une défaite annoncée. Pour un peuple croyant, et qui plus est le peuple prétendu élu, serait-il donc permis de se construire un bonheur sur le dos d’autrui ? Certes, la réponse est non, selon la morale universelle. Le châtiment divin, voilà la hantise, l’épée de Damoclès que redoutent les Juifs sincères et honnêtes avec leur religion : le judaïsme. Dieu pourrait-il accepter que son « peuple élu » puisse agir ainsi ? Cette question est illégitime.


Le silence lâche et complaisant de l’Occident face aux crimes de plus en plus barbares commis par les dirigeants israéliens à l’encontre des Palestiniens s’explique par cette culpabilité liée à la Shoah ; une Shoah dont ils sont pieds et mains liés. Ce silence s’explique aussi par une honte, un embarras, une impuissance. A chaque enfant palestinien tombant sous les balles israéliennes, les Occidentaux prennent conscience de leur responsabilité dans cette tragédie du Proche-Orient. Il eût été préférable pour eux, me semble-t-il, de s’abstenir d’intervenir dans la création d’un Etat devenu plus que problématique, et sûrement à l’origine d’un nationalisme arabe émergeant et qu’il leur faudra, un jour ou l’autre, affronter. Les Occidentaux constatent les dégâts, leurs dégâts, n’osant prendre partie parce qu’ayant au départ légitimé les israéliens et ayant à l’arrivée les Palestiniens qui leur reprochent de leur avoir artificiellement implanté sur leur sol des sionistes utilisant les mêmes méthodes que leurs bourreaux d’hier : les nazis. L’Occident est piégé ; il a été piégé ; il s’est piégé lui-même ! Comment sortira-t-il de ce conflit ? Pas en restant muet comme une carpe, mais en prenant ses responsabilités, c’est-à-dire en priant, y compris par la coercition, les extrémistes des deux côtés de bien vouloir quitter la table des négociations et de soumettre un plan de paix global, y compris sur le cas du statut de Jérusalem : une ville qui doit demeurer une zone neutre et pacifique où cohabiteraient les trois grandes religions monothéistes. Le monde entier est d'accord sur cette hypothèse, sauf Israël.


On nous reproche très souvent, à nous qui habitons les banlieues françaises pauvres et qui sommes, nombreux, de culture et de tradition musulmanes, en plus d’être de culture occidentale, de parler sans cesse du conflit israélo-palestinien, d’accuser Israël d’être devenu un Etat criminel et terroriste, et d’occulter les autres crimes commis ici et là à travers la planète. D’abord, nous dénonçons les crimes commis par les dirigeants israéliens à l’encontre des palestiniens parce que nous pensons que ces derniers sont sauvagement opprimés, occupés et victimes d’une tyrannie qui fait honte au peuple hébreu, un peuple légendaire constitué de fidèles croyants. Ensuite, nous sommes autant solidaires avec le peuple palestinien que l’est toute la communauté juive de France avec l’Etat hébreu. Tout cela est de notoriété publique ; pourquoi s’en cacher ? Ce que nous voulons, comme nombre d’hommes et de femmes à travers le monde, c’est qu’une solution de paix politique et pacifique soit enfin trouvée à ce conflit qui menace de manière récurrente la paix dans le monde. Il faut être clair : il n’y aura aucune paix durable dans le monde tant que des innocents palestiniens et israéliens seront sacrifiés au nom d’une idéologie raciste et sectaire : le sionisme.


Mais il y a autre chose. En effet, qu’il s’agisse, par exemple, du Tibet, du Darfour, de la Birmanie, des Indiens d’Amérique, et autres, car la liste n’est malheureusement pas exhaustive, ces exemples de dictature locale mettent en conflit une majorité (un Etat) et des minorités. Ces dictatures sont évidemment condamnables dès lors que les droits de l’Homme (droits fondamentaux et universels) seraient bafoués. Mais ces dictatures ne peuvent être comparées avec la crise du Proche-Orient. Pourquoi ? Il y a, me semble-t-il, deux raisons principales. La première est que l’Etat d’Israël est le premier Etat qui a été créé, de manière arbitraire, par le conseil de sécurité : l’ONU. Un conseil de sécurité que M. Georges W. BUSH n’hésitera pas à court-circuiter en déclenchant l’invasion de l’Irak sans l’aval de l’ONU ; pire encore : en désaccord total avec l’ONU. Souvenez-vous, la France avait menacé de brandir son droit de veto par l’intermédiaire du courageux Président de l’époque, monsieur Jacques CHIRAC. La seconde raison, celle-ci majeure, est que le conflit du Proche-Orient a une spécificité particulière. Il est un conflit international, et internationalisé, du fait que tout le monde, tous les pays, principalement les pays riches et puissants, sont mouillés et trempés jusqu’au cou par leur décision de créer l’Etat d’Israël. Et il est bien sûr trop facile de prendre des membres de son entourage, de les placer chez le voisin et de disparaître en croyant avoir ainsi réglé le problème. C’est commettre une erreur grave. Car fuir les problèmes est signe que ces problèmes vous rattraperont tôt ou tard. Et la communauté internationale est constamment rattrapée par le sempiternel conflit du Proche-Orient. Et c’est normal puisque c’est la communauté internationale qui a mis au monde ce bébé, ce joyau de démocratie et de paradis terrestre qu’est l’Etat d’Israël.


Alors non ! Vous ne pouvez pas comparer le conflit du Proche-Orient avec n’importe quel autre confit, tout simplement parce que dans l’échelle de grandeur des conflits mondiaux, celui du Moyen-Orient occupe le premier rang ; il obtient largement la médaille d’or. Il est, en effet, une guerre qui a été planifiée par les sionistes, avalisée et entérinée par la communauté internationale en 1948. Dans les drames qui se jouent au Proche-Orient, le monde entier est donc directement concerné et principalement le monde occidental. Et bien évidemment, la preuve est apportée par cette corrélation directe entre la Shoah et ce conflit. La Shoah étant incontestablement mise en première place sur l’échelle des souffrances, comment le conflit du Proche-Orient ne pourrait-il pas être mis en tête sur la lite des conflits dictatoriaux ?


D’ailleurs, ces dernières semaines, un ministre israélien n’a-t-il pas de sa bouche fait un trait d’union définitif entre la Shoah et le conflit du Proche-Orient en déclarant impunément : « Les Palestiniens vont connaître leur Shoah ! » Ce Ministre et l’Histoire ne font apparemment pas bon ménage. Ce monsieur aurait-il, en effet, déjà oublié (parce que nous nous n’avons pas le droit d’oublier la Shoah sous peine d’être hors-la-loi) que ce sont les Allemands, se réclamant de la race aryenne, sous le IIIe Reich, qui exterminèrent les Juifs d’ Europe ? Qu’est-ce que les Palestiniens ont avoir avec la Shoah si ce n’est que la création d’un Etat d’Israël sur leurs terres est une des conséquences directes de l’holocauste ?


« Le fou n’est pas celui qui a perdu la raison ; le fou est celui qui a toute sa raison et qui agit sans sa raison ».

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