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lundi 19 décembre 2011

Le lien entre la politique du Qatar et de l’Arabie Saoudite avec la banlieue française à travers la promotion d’un « littéralisme religieux » est une entreprise intellectuelle des plus acrobatiques !

Le "littéralisme" musulman au service de la sécularisation

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Le lien entre la politique du Qatar et de l’Arabie Saoudite avec la banlieue française à travers la promotion d’un « littéralisme religieux » est une entreprise intellectuelle des plus acrobatiques !

L’une des principales raisons sur lesquelles est fondée la propagande occidentale en matière de politique extérieure consiste à amalgamer géographiquement des parties liées par un fait commun. En l’espèce, lier la politique d’un pays étranger qui n’a jamais agit sous des justifications religieuses à des musulmans vivants en France.


C’est comme prétendre que les chinois français, de par le mode de vie qui est le leur en Chine sont des communistes voulant installer en France un mode économique chinois et publiquement communiste ! Cet amalgame n’est jamais fait.

La politique de l’Arabie Saoudite ne tient dans le temps que de par l’appui des USA dans la région, leur garantissant une pérennité politique fragile contre du pétrole. Et ce qui rend l’interprétation partielle pour beaucoup de non musulmans, et encore plus des musulmans eux-mêmes, est du fait de l’établissement de cet Etat artificiel sur une terre dont se réclament tous les musulmans du monde.

Là réside l’amalgame entretenu par l’Arabie Saoudite et plus encore le Qatar, qui a une position et une condition géographique et politique assez spécifiques.

Ce constat fait, il devient intéressant de mettre en lumière cette simplification expéditive dont les musulmans sont le support habituel. Le littéralisme de l’Islam nous est présenté comme une mauvaise interprétation de celui-ci, puisque partant d’un soi-disant consensus intellectuel qui voudrait que le littéralisme est le signe de l’infériorité intellectuelle. Une sorte de simplification d’un prétendu Islam plus allégorique et plus profond, et surtout plus compatible avec le logiciel maçonnique républicain.

Cette profondeur et cet universalisme de l’Islam sont toujours pensés avec le matériel historique et politique existant. En France, l’histoire des religions produisit des évènements graves et parfois meurtriers. On ne pense –en France- le fait religieux qu’à travers l’histoire de France et d’Europe, en faisant abstraction de la spécificité historique et dogmatique musulmane (il n’y a qu’à penser à l’ablation totale du corps imaginaire et historique de ce que fût l’Espagne musulmane durant des siècles ainsi que son apport à l’Europe moyenâgeuse).

Ces nouveaux-venus musulmans sont donc un miroir déformant qui renverraient l’image d’une religiosité portant en elle-même les germes de l’incompréhension entre les hommes et l’origine de tout sous-développement intellectuel et collectif.

Cette interprétation de l’Islam sous cette lumière tend toujours vers une codification des postures musulmanes selon un supposé degré d’assimilation et de dilution dans le giron social et dogmatique républicain, ou au contraire une « islamité » qui d’emblée, prendrait la couleur d’un christianisme dépolitisé et docile. Cette normativité du degré de désintégration nécessaire à l’assimilation des musulmans est éprouvée au fil des années de par le retour au fait religieux islamique, et d’autre part l’accroissement démographique des musulmans (extra-européens ou français de souche).

Ainsi, faire le lien entre la politique d’un Etat – qui par un concours de circonstance se trouve gérant de la plus sainte terre pour les musulmans - et cet islam représenté comme étant le petit frère du christianisme institutionnel et historique est impertinent. Car l’Islam et ses usagers ne prétendent dans leur majorité à aucune volonté de désintégration à l’encontre de la communauté nation puisqu’ils en font partie.

Deuxièmement, en pensant l’Islam en France comme émanant de la même matrice et de la même condition que le lointain christianisme conquérant et institutionnalisé (supposée la source de tout obscurantisme) amène à recherche un centre d’où est diffusé cet Islam « conquérant », comme le fut le Vatican pour les catholiques.

L’Arabie Saoudite est désignée à la hâte comme étant ce clergé qui poserait les musulmans devant de rudes choix, en opposant la religion musulmane interprétée « littéralement » à la République Française qui, elle, est (dans les faits) interprétée de manière littérale, puisque interdisant à la moitié supposée des musulmans d’accéder aux services publics s’ils témoignent « ostensiblement » de leur appartenance religieuse islamique.

Ensuite, il est facile pour un apprenti intellectuel d’imputer le comportement considéré comme non-républicain (puisque renvoyant le prisme d’un catholicisme qui fut au cœur de la construction de la République, notamment avec les lois de 1901 et de 1905) à la catégorie de musulmans qui pratique un islam un peu trop visible et assumé.

Pour le Qatar, la question est moins évidente, puisque n’agissant pas exclusivement avec des critères religieux. On a ainsi le recours à l’arabité supposée de sa démarche géopolitique envers les arabes.

Un lien est aussi fait entre cette supposée posture « arabisée » et une partie de la population française d’origine arabe.

Le plus dangereux dans cet amalgame simplificateur est, en dépit du manque flagrant d’une grille de lecture normative pragmatique, qu’il astreint les musulmans un peu trop visibles à substituer leur clergé supposé (Arabie Saoudite pour le religieux, Qatar pour l’arabité ?) par les valeurs de la République.

Une lecture honnête des textes fondateurs de l’Islam (Coran, Sounna, Jurisprudence…) devrait prouver, si besoin est, que l’Islam est une religion universaliste qui ne procède pas de la même structuration « sociale » et théologique que le catholicisme. Et dont le projet est assez différent, puisque prônant une éthique de justice pour tous les peuples et intégrant les mécanismes d’une excellence méthodologique, logique et comportementale.

Cette interprétation impertinente a le mérite de faire la lumière sur quelque chose de plus important. A savoir que dans la tête de celui qui la promeut, l’Islam et ses usagers sont sujet à l’interprétation socialisante et automate du marxisme matérialiste.

Derrière l’attaque contre l’Arabie Saoudite et le Qatar comme étant de prétendus pôles de diffusion d’une vision « littéraliste » de l’Islam ou de l’ « arabité », apparait l’éternel chantage « racialiste » ou droitdelhommiste, puisque lier la politique d’un valet des USA/Israël à la religion de plus d’un milliard d’humain est ridicule ! D’autant que la pratique de l’Islam contextualisée dans l’étendue de la terre musulmane offre une complexité incroyable !

Sans y être fait explicitement mention, il est demandé au musulman de France (plus précisément des banlieues, puisque facilitant la couleur marxiste parce que « paupérisé » et vivant dans un environnement social dégradé) de renoncer à ce supposé clergé « saoudique » bédouin et par la même occasion, guérir de son interprétation littéraliste de l’islam, et pourquoi pas perdre de son arabité au passage !

Il est à préciser que, depuis l’avènement de l’Islam, il eut des courants de pensée, des protocoles et processus d’interprétation des textes fondamentaux représentés par les grandes écoles. Ainsi que des approches plus sensitives ou ésotériques de l’intimité de la foi. Les évènements politiques ont aussi donné à l’usage de l’Islam des opportunités d’interprétation concrète et faisant toutes partie de cet Islam culturellement transcendant.

Car ce qu’il faut bien comprendre à propos de cette religion, est qu’elle procure au sommet de son dogme l’universalité d’un monothéisme pur et déchargé de toute considérations sociales ou politiques, et un code moral/éthique épousant toutes les cultures et sociétés humaines car appelant à des valeurs consensuelle et répandues dans toutes sociétés saines (non « marchandisante »).

La « littéralité » de l’approche quant à la lecture des textes fondamentaux a été un excellent moyen de préserver le dogme et sa pureté à travers des moments de tentions, ou des tentatives de déviation de ce même dogme. Ce que l’on nomme comme étant le « Wahhabisme » fait partie de cette entreprise de reconstruction de la foi musulmane (et qui fut récupérée plus tard par la famille régente saoudienne afin de légitimer leur autorité sur la péninsule arabique)

Opposer la pratique d’un islam rigoriste à la pratique d’un Islam supposé plus assimilable à la République est une manière de simplifier la religion musulmane d’une part, et d’autre part de la réduire à un rôle purement folklorique (il n’y a qu’à observer les fêtes chrétiennes en France et à quoi et à qui elles servent).

La création d’un clergé musulman français, représenté actuellement par le CFCM obéit à cette volonté de plier l’Islam et les musulmans à la désintégration dogmatique, afin de permettre au dogme marchant et egocentrique de prendre le relais.

Un musulman rigoriste apparait actuellement comme l’un des pires ennemis de ce dogme marchand puisque puisant la puissance de sa conviction dans une transcendance qui ne peut être ni achetée ou vendue.

Ceci dit, il convient aussi de rappeler que cet Islam supposé en contradiction avec la République (puisque contredisant la marchandisation des consciences) pose de sérieux problèmes d’interprétions dans un environnement stérilisé et émasculé.

Le musulman (ou musulmane) apparait pour beaucoup comme une menace non parce qu’il en est une (si c’était objectivement le cas, la France serez à feu et à sang) mais parce qu’il revoit à un courage, héroïsme et la cohérence que l’on tente de dispenser artificiellement dans les média, à travers les faux hommes de terrain comme un Bernard Henry Lévy, ou à travers l’imaginaire médiatique du héros agissant seul contre tous.

Cet islam fait aussi peur puisque s’articulant et se mouvant en groupe, dans une société dépecée des mouvements de fraternités, sauf dans le consumérisme (concerts, cinémas, football…) ou la culpabilisation sociale (mixité sociale, appels aux dons, commémorations victimaires…).

Un groupe agissant, théoriquement, selon une éthique qui est en totale contradiction avec le système si chèrement promue durant des décennies, produit chez l’élite une peur et une réactivité qui ne s’embarrasse qu’assez peu de la réalité de la communauté musulmane et de son dogme même. On a vu l’excellente prestation théologique de Nicolas Sarkozy sur la non obligation du port du voile pour les musulmanes…

On voit de plus en plus un discours d’interprétation des textes traditionnels musulmans par des personnes et instances qui sont de fait dépourvues - au mieux -de toute religiosité, et au pire qui sont dans un combat par procuration contre ces musulmans qui ne se plient pas toujours à la bonne « pédagogie » républicaine.

C’est dans ce que l’on nomme « la dissidence » française que l’on retrouve les deux aspects de cette tentative de récupération politique et sociale de l’Islam et des musulmans.

D’un côté, on a des personnes/associations qui tentent de concilier vaille que vaille une vision matérialisme dotée d’une éthique artificielle (puisque ne reposant que sur le socle idéologique du système qu’ils tentent de combattre : valeurs républicaines, démocratie inutile, segmentation de la société…) qui devrait régir la société après l’effondrement du Système. On ne sait d’ailleurs, comment se fera cet effondrement et surtout quelle est l’alternative social et le projet pour une société assainie de ses excès. Car la lecture marxiste et matérialiste des clivages sociaux réels ou présupposés n’offre que peu de lumière sur la construction claire et limpide de l’avenir social, politique et économique.

L’association Égalité et Réconciliation est assez représentative de ce bouillon et magma idéologique fourre-tout. Allant du marxisme, au messianisme en passant par les théories politiques et les essais spéculatifs les plus incertains !

Tout en intégrant en son sein, une minorité musulmane servant de plus-value avant-gardiste à la lutte contre le Système que l’on sert autrement. La motivation de ce bout de texte a été le rassemblement organisé par cette association qui fait l’amalgame entre une vision doctrinale musulmano-musulmane de l’Islam et une extrapolation plus machiavélique de la politique intérieure.

De l’autre côté émergent des mouvements dit «nationalistes» ou « patriotes » faisant in fine le même constat à des degrés plus ou moins différent mais, vont un peu plus loin concernant la présence musulmane en France ; en arguant que l’Islam est fondamentalement incompatible avec la République laïque et progressiste.

On retrouve de part et d’autre la même lecture marxiste matérialiste de cette religion qui transcende les clivages partisans. Une religion qui a existé avant la République et lui survivra. Cette pérennité ne tient aucunement d’une quelconque donnée sociale exclusive mais tient au fait que le message islamique porte en lui la puissance et la simplicité d’un universalisme épousant l’intimité et le politique. En opposition à un christianisme intrinsèquement doté d’une insuffisance normative sociale et politique ou un « républicanisme » médium de l’asservissement marchand sous couvert de concepts aussi creux que biaisé (liberté, égalité…).

Tant que les intervenants et les marchands de la « dissidence » ne l’aurons pas intégré (s’ils sont intellectuellement honnêtes, cela va de soi), ils feront le bonheur de la marchandisation et de la « paupérisation » sélective tout en trainant une partie des musulmans de France vers un clergé artificiel et tacite qui ne dira jamais son nom. Clergé qui se heurtera indéfiniment non pas à la communauté musulmane, où qu’elle soit, mais à l’Islam lui-même.

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